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Poupée Dés-Art-iculée

Aussi loin qu’elle remonte dans sa mémoire, Mamzell’ Timmy se rappelle avoir toujours aimé dessiner : « à 8-9 ans j’écrivais déjà souvent des histoires de princesses et de sorcières et les illustrais. Une passion qui ne m’a jamais quittée » Originaire du sud de la France, ayant longtemps vécu dans l’Ariège avant de s’installer à Strasbourg, à 25 ans c’est une énième autodidacte qui fait étalage de son talent dans notre numéro de ce mois-ci. Découverte avec un plaisir non dissimulé.

Les études ne l’intéressaient pas trop, celles d’art encore moins. De nature plutôt solitaire, entouré de peu, mais de bons amis, sa seule certitude était une passion dont elle ne se voyait pas du tout faire un métier. Aujourd’hui notre artiste décline son talent sous des formes multiples, qui oscillent entre l’illustration évidemment, mais aussi  la création de bijoux et d’objets décoratifs, une façon pour elle de ne pas rester figée. « Dernièrement, j’ai décliné mes flappers en broches et en petits tableaux en relief, et j’ai créé  une collection de bijou appelé Alphonsine de l’espace inspirée de l’art déco. »

Ces dernières années ont été pour elle le laboratoire d’une recherche stylistique, pour trouver un style à la fois qui lui corresponde et qui lui permette de se démarquer des autres illustrateurs. Finalement sonder le plus profond de son âme a quelque chose de bénéfique. «  A la base, je ne faisais jamais d’illustration ou de peinture qui représentait ce que je pouvais ressentir, ou ce que je vivais… mais justement c’est ce qu’il me manquait. »

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Flapper-Dolls

Après avoir longuement macéré, le fruit de ses recherches aboutissent finalement fin 2011 à la naissance  des « Flapper-Dolls » (ou garçonne en français), des femmes robots sorties tout droit des années 1920-1930 dont elle s’inspire. « Elles représentent à la fois ma passion pour la mode de la première moitié du XXème siècle, mon attirance pour les tatouages old school et  mon vécu, comme elles je suis un peu désarticulée. » Au propre et au figuré.

En effet elle traîne depuis son enfance des problèmes de santé que les médecins n’arrivent pas à expliquer, au point d’en conclure que  « c’est dans la tête ».  A 20 ans son corps dit stop, et un an plus tard on détecte le syndrome d’ehlers-danlos, une maladie génétique touchant la fabrication du collagène, qui entraîne douleurs 24/24, luxations, subluxations, entorses, fatigue,  déformation au niveau des mains etc.. . « Pas de traitement déclaré, il faut juste faire avec. Du coup, il a fallu faire un trait sur pas mal de choses. Et je me suis tournée vers l’illustration.  C’est ce que je faisais depuis toujours, à chaque moment de libre j’étais toujours avec une feuille et un crayon.  D’ailleurs pour certains, je suis restée la fille qui dessinait tout le temps et qui avait souvent des entorses. »

Une incidence directe sur son travail, sur le fond comme sur la forme à commencer par la posture à adopter pour s’adapter à ses soucis articulaires. De fait elle réalise maintenant ses illustrations sur du petit format, et  « comme j’ai une préférence pour le traditionnel, j’ai opté pour l’aquarelle et l’encre. »

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Faux mignon et vrai semblant

Elle  admet sans gêne avoir parfois du mal à parler de son travail ou de ses créations. : « Surtout que lorsque j’explique certaines illustrations et leurs symboliques, on me regarde un peu bizarrement. ». Mais l’essentiel est ailleurs : « Il faut dire que j’aime beaucoup donner l’impression d’un dessin mignon alors qu’en y regardant de plus près il ne l’est pas vraiment. J’essaye de rester dans la simplicité, et de faire ressentir l’émotion sans chemins détournés. »

Le cerveau toujours en ébullition, avec 3 ou 4 dessins en tête, elle construit et déconstruit au quotidien. Mamzelle pour le côté féminin, Timmy pour la référence à SouthPark, Emilie de son vrai prénom a fait de sa discipline un besoin quasi vital, bien au-delà d’un métier ou d’une passion. A s’empresser de découvrir :

www.flapper-dolls.com

www.facebook.com/FlapperDolls

https://www.facebook.com/Alphonsine-de-lespace

La couv’ :

Pour la couverture, j’ai choisi de faire quelque chose d’un peu traditionnel et de reprendre quelques symboles. J’ai voulu représenter la fin des marchés de noël, avec la poupée sur le bretzel qui est emportée on ne sait trop où, et l’arrivée de la nouvelle année avec les cigognes.

Exergues :

Pour certains, je suis restée la fille qui dessinait tout le temps et qui avait souvent des entorses.

J’aime beaucoup donner l’impression d’un dessin mignon alors qu’il ne l’est pas vraiment.

Rester dans la simplicité, et faire ressentir l’émotion sans chemins détournés.

 

Textes : Charlotte Baechler

Photo : Thomas Danesi

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