commissariat Superpartners (SMITH et Nadège Piton)
avec les œuvres de Cassils, Pierre Molinier, Amos Mac, Del LaGrace Volcano, Laurence Philomène, Darko de
la Jaquette, Sébastien Lifshitz, Romy Alizée, Christer Strömholm, Marcel Bascoulard, Pepe Atocha, Pierre
Andreotti, Yannis Angel, Marc-Antoine Bartoli, Fredster, Leonard Fink, Gal & Hiroshima, ISAvince, Brandon
Gercara, Cha Gonzalez, Balthazar Heisch, Lazare Lazarus, Kama La Mackerel, Roberto Huarcaya, Annie
Sprinkle & Beth StephenS (SEXECOLOGY), Tom de Pékin, Prune Phi + Tal Yaron & Kianuë Tran Kiêu, Genesis
Breyer P-Orridge, SMITH + Corine Sombrun & Jeanne Added
d’après Transgalactique, SMITH & Nadège Piton, The Eyes #11, 2020
En ouverture de la 11e édition du Festival Vagamondes, le duo-complice Superpartners
décloisonne La Filature pour y explorer les identités mutantes, transitions célestes, voyages
dans la jungle des métamorphoses humaines et non-humaines.
En 2020, la revue The Eyes, qui explore les faits culturels et sociétaux contemporains à travers
le médium photographique, offre au binôme Superpartners une carte blanche, qui
deviendra l’ouvrage Transgalactique : un voyage photographique autour des travaux
d’astres-artistes LGBTQIA+, trans et/ou queer, qui ont secoué la notion de genre et renversé
les stéréotypes qui lui sont associés. Grâce à des portfolios historiques et contemporains, et
des conversations avec la militante Lalla Kowska-Régnier, le philosophe Paul B. Preciado ou
l’historienne de l’art Elisabeth Lebovici, la revue fait place à des artistes directement
concerné·e·s par la question de la transition, de la fluidité, de la confusion, de la mutation
des genres.
Cette recherche s’inscrivait dans le travail de recherche et de création de SMITH, artiste trans
et chercheur transdisciplinaire (détenteur d’un doctorat de l’UQAM, Montréal) – travail déjà
présenté à l’occasion de deux expositions à La Filature en 2022 –, qui se déploie dans toutes
les directions de l’imaginaire : photographie, cinéma, performance, mais aussi à travers la
curation d’exposition et des collaborations avec d’autres artistes et chercheurs.
Ainsi, l’exposition Trans(e)galactique se présente comme un chapitre nouveau de la réflexion
mené par SMITH avec Nadège Piton depuis plusieurs années, autour du constat que notre
civilisation contemporaine a perdu quelque chose de son rapport à l’invisible, au distant, au
non-humain, au cosmos. Nous construisons ce que nous sommes à l’intérieur d’un système
fait de frontières, de séparations, de distinctions, d’exclusions, de scléroses, de dominations.
Dans ce monde capitaliste, sous surveillance généralisée, où l’opacité, le mystère, le secret
ont disparu – quels chemins de traverse se frayer pour devenir ce que nous sommes : pirates,
tricksters, divergent·e·s en tous genres ?
En tant qu’artiste, chercheur, commissaire, à travers des projets tels que Spectrographies ou
Désidération, SMITH met en place des stratégies pour convier les spectateur·rice·s à changer
sans cesse de point de vue, à opérer des déplacements, à ressentir en eux la présence de
tout ce qui nous dépasse, de tous les possibles, de l’invisible et des choses célestes. Ses
nouvelles recherches, inspirées par sa rencontre avec Corine Sombrun, le poussent vers
l’expérience des états non-ordinaires de conscience (transe cognitive auto-induite,
médecine amazonienne, pratique de l’impesanteur au sein d’un vol Air Zéro-G) pour y
trouver des stratégies nous permettant de nous lier avec tout le vivant.
L’exposition Trans(e)galactique se fait ainsi l’écho de ce lien mystérieux entre les transitions
de genre et d’état, les manières de défaire et relier les binarités caduques qui opposent,
plutôt qu’elles ne relient : le masculin et le féminin, le visible et l’invisible, le rêve et l’éveil,
l’humain et le non-humain… Elle se présente comme une enquête sur ce qui trans(e), et tisse
des liens entre différents mondes pour rêver un mouvement d’abolition des frontières, des
binarités et des assignations.
« Nous avons fait le choix de montrer nos visages, nos corps – des corps dissidents, trans,
queer, binaires et non-binaires, valides et non-valides, blancs ou non-blancs, autant de corps véhicules de l’idée d’un passage, d’une transition, d’un voyage sur le spectre du genre. »
SMITH, émission « Par les temps qui courent », Marie Richeux, France Culture
Au sein de l’exposition, près d’une centaine d’œuvres (photographies, vidéos, peintures,
dessins) proposées par 35 artistes internationaux accompagnent ce parcours de pensée à
travers l’instauration de nouvelles subjectivités passant par le travestissement, la chirurgie, le
maquillage, le montage, le tatouage (Pierre Molinier, Marcel Bascoulard, Genesis Breyer POrridge, Gal & Hiroshima, Yannis Angel, Balthazar Heisch) ; la redéfinition des contours du
portrait de famille et du journal intime (Laurence Philomène, Darko de la Jaquette) ; des
pratiques documentaires autour des communautés LGBTQIA+ contemporaines et historiques
(Amos Mac, Christer Strömholm, la collection de Sébastien Lifshitz, Del LaGrace Volcano, Cha
Gonzales, Leonard Fink, Romy Alizée, Marc-Antoine Bartoli, Annie Sprinkle, Cassils) ; la
création de nouvelles images pour raconter des corps invisibilisés, invisibles, impensés
(Brandon Gercara, Kama La Mackerel, Pepe Atocha, Prune Phi + Tal Yaron & Kianuë Tran
Kiêu, le projet Sexecology, SMITH avec Act UP – Paris, Corine Sombrun & Jeanne Added) ; des
propositions picturales intégrant un imaginaire de l’intime (Tom de Pékin, Fredster, Lazare
Lazarus, ISAVince) ; jusqu’à une présence hybride de végétal et de photographie avec
l’Amazogramme de Roberto Huarcaya.
Du mardi au samedi 13h-18h + dimanche 14h-18h + soirs de spectacles
à La Filature, Scène nationale de Mulhouse