
Alexandra L
Marie-Pierre Arpin
Michel Friz
Michel Hirsch
Geneviève Pixa
Alain Tigoulet
Jean Valera
Aida Galerie est au rendez-vous de la photo comme chaque année avec cette
exposition réunissant 6 photographes accompagnés d’une volumiste. On y verra des
paysages de sel, des empreintes d’oiseaux, une ligne de tram, un délire optique, une
cathédrale foudroyée et une planète en train de nous échapper. Et on y décèlera enfin
un peu de présence shamanique.
Alexandra L (terre cuite)
Elle réalise des figures en argile cuite, pour partie anthropomorphes, pour partie
empruntant aux répertoires des formes animales et végétales. Les pièces sont
patinées ou engobées de manière à apporter à chacune sa singularité de couleur.
Certaines sont parées de motifs évoquant par leurs alignements de points les
arts premiers aborigènes. Par leur mixité de formes et leur décor, ces figures à la
fois zoomorphes, phytomorphes et anthropomorphes renvoient à un imaginaire
manifestement animiste, faisant appel à l’esprit de la terre et à l’âme de toutes
les formes du vivant : humain, animal et végétal. Aussi, sont-elles dénommées
par leur auteure « sculptures shaman » pour leur vocation à éveiller nos
sensibilités primaires.
Marie-Pierre Arpin (photos)
C’est en Camargue qu’elle a pointé son objectif vers les paysages d’eau, de sable
et de sel qu’y offrent les salines et marais salants. L’abandon de leur exploitation
leur offre une toute nouvelle vie. Et ce sont manifestement les tons fauves du sel
rose, confrontés aux turquoises de l’eau qui ont capté sa sensibilité de coloriste.
Ce rendez-vous de la couleur en aucun cas ne pouvait être manqué par cette
artiste qui en l’occurrence, faut-il le rappeler, est tout autant peintre que
photographe. Les reflets du ciel sur l’eau, les transparences de l’eau laissant la
surface se teinter de la couleur des fonds, les colorations rouge brun apportées
par le sel, les horizons dessinés par les tas de sels gris blanc, tout cela restitue en
effet une palette de couleurs, allant du rose pâle jusqu’au violet sombre, que les
artistes du fauvisme avaient rêvée, et que la nature restitue tel quel, prête à être
capturée par la photo.
Michel Friz (photos)
Il a apporté pour cette exposition une série consacrée aux vols des hirondelles.
Vols qu’il n’est pas si aisé que cela de capter, car photographier de près une
hirondelle en vol semble une vraie gageure. Si bien que chaque tentative se solde
par un résultat à la fois surprenant et en même temps assez parlant. Selon les
clichés, l’oiseau apparaît flou, imprécis, ou comme à peine esquissé tellement la
vitesse de son mouvement ne laisse qu’à peine le temps de le saisir. Sa rapidité
même semble déjà effacer sa présence. Les photos fondent corps et ailes en une
figure plus ou moins distincte, parfois réduite à une silhouette, au point que les
hirondelles semblent inventer, par optique photographique interposée, une sorte
de langage dont chaque prise de vue dévoilerait l’un des signes. C’est pourquoi
toute la série porte d’ailleurs comme intitulé « L’Alphabet des hirondelles ».
Grande migratrice, annonciatrice de printemps, symbole de liberté et de paix,
l’hirondelle est en aussi une espèce menacée par la destruction de ses habitats,
la diminution des insectes et le changement climatique. C’est pourquoi les signes des vols d’hirondelles captés par les cellules photosensibles sont-ils à interpréter
comme autant de traces de leur impermanence même…
Geneviève Pixa (photos)
Elle poursuit sa démarche entamée avec la ligne E du tram de l’agglomération
strasbourgeoise, intitulée « ligne de tram, ligne de vie », avec l’exploration de la
ligne D. Toujours en parcourant les espaces d’accessibilité de 300 m de rayon
autour de chacune des 24 stations de la ligne. Cet itinéraire propose une
véritable coupe transversale de l’agglomération, partant des banlieues
lointaines, traversant des quartiers de logements sociaux, des faubourgs et enfin
le centre-ville historique de Strasbourg, le port de Strasbourg et le centre-ville de
Kehl. Se décrivant elle-même comme petite voyageuse mais grande marcheuse,
elle a cherché à y capter des images de « l’infra-ordinaire ». De ce parcours, elle
a rapporté des photos cherchant à saisir au vol des éléments insolites, incongrus
ou bizarres et certainement, comme elle-même l’assure, à ne mettre dans aucun
dépliant touristique.
Michel Hirsch (photos)
Fasciné par le foisonnement de ses gratte-ciels revêtus de glaces miroirs et de
parois réfléchissantes, il a rapporté de New-York une moisson de clichés. Il a
voulu saisir les compositions optiques que généraient ces architectures par le
simple effet de leurs surfaces se réfléchissant les unes les autres, se renvoyant
mutuellement leurs perspectives aberrantes et les reflets déformés de leurs
trames pourtant uniformes. Capter la lumière si particulière à cette ville a
contribué à cette fascination, les jeux de miroirs participant à la diffusion
lumineuse en dépit de l’encombrement de cette forêt de constructions. Un cliché
en appelant un autre, chaque pas offrant de nouvelles compositions, c’est le
vertige de cette profusion optique que son objectif a tenté de saisir.
Alain Tigoulet (photos)
Il présente une série de photos noir et blanc intitulée « Cathédrale ouvrière ».
Comme son titre le laisse supposer, les tirages montrent des sites industriels
désaffectés, vierges de toute présence humaine. Toutefois, les passerelles,
escaliers et garde-fous donnent l’échelle humaine de ces espaces aux dimensions
écrasantes et témoignent d’une main d’œuvre disparue mais naguère grouillante
et affairée. Les photos exposent des architectures de tubulures, tuyaux et cheminées, des compositions de poutres, poutrelles rivets et boulons. Elles fixent
des engins puissants et des mécaniques massives et huilées dont on devine
pourtant qu’elles reposent de leur dernier repos… Le choix du noir et blanc
donne à ces lieux l’illusion d’une totale unité de matière. On croirait ces formes
sculptées dans la pierre, non pas pour servir quelque productive finalité, mais
bien pour témoigner avec démesure de la foi avec laquelle ces monuments
semblent avoir, à tort ou à raison, été édifiés…
Jean Valera (photos)
Il présente une série de 16 tirages noir et blanc intitulés « Terra Nostra ». Chacun
d’eux illustre l’une des crises diverses affectant notre planète : pandémies,
changement climatique, effondrement de la biodiversité, conflits et guerres,
risques technologiques et environnementaux… Ces thématiques, toutes en lien
avec les menaces pesant gravement sur l’avenir de notre espèce et de son
milieu, sont toutefois représentées à l’aide de moyens dérisoires tels que jouets,
objets familiers, petites figurines diverses… Aucun drame, mais plutôt une sorte
de légèreté enjouée. Non pas pour marquer une forme quelconque de
détachement vis-à-vis de ces enjeux planétaires gigantesques, mais bien plutôt pour montrer avec dérision combien l’espèce humaine tend à se paralyser elle-
même par ses divisions, paradoxes, tétanies et autres absurdités.
AIDA Galerie
Elle est la galerie d’art de l’Association des Artistes Indépendants d’Alsace (AIDA). Sa
vocation principale est la diffusion artistique des travaux réalisés par ses membres.
Plus ponctuellement, elle organise de grandes expositions collectives « hors les
murs » dans les villes alsaciennes, participe à des échanges avec d’autres associations
d’artistes hors d’Alsace (par exemple en Pays de Bade ou en Lorraine) ou accueille les
expositions d’artistes invités.
AIDA Galerie organise dans ses murs chaque année plus d’une vingtaine
d’expositions.
du lundi au samedi / 14h00 – 19h00
AIDA Galerie – 130, Grand’rue 67000 Strasbourg