Plus de 20 ans à ciseler ses couplets dans l’ombre. Aiguiseur de tympans, garde-fou des esgourdes de toute une génération, sinon deux, les rimes de Kadaz sont inscrites au patrimoine génétique de la ville. Aux côtés de son groupe La Mixture et du collectif Sans Pitié, il a écrit une page de l’histoire du rap local et hexagonal. Entretien avec l’un des gardiens du temple, aussi humble que discret, à l’image de DJ Zoom, qui l’accompagne. Celui-là même qui produit sa prochaine galette dont la sortie est prévue début mars, et sans qui le mouvement Hip Hop ne serait peut-être jamais arrivé jusqu’à Strasbourg. Micro check 1, 2.

“Si je n’avais pas eu cet exutoire qu’est l’écriture je ne sais pas dans quel état je serais aujourd’hui”

Comment t’es-tu lancé dans le rap ?  Pourtant il n’y avait ni radios, ni mass media et encore moins internet simplement des cassettes pirates des Etats-Unis ou de  Djs parisiens.

 » Tout a commencé sous l’influence du Color, le premier groupe de rap à Strasbourg. J’étais au lycée d’enseignement professionnel avec Mariano puis on a créé le Royal avec Dj Az. C’était la suite logique de la culture punk en fait. Et ce qui était fort c’est que, comme tu dis, il n’y avait pas de radio à part RBS qui se mettait tout doucement à diffuser du rap, mais on n’avait pas d’actus fraîches comme aujourd’hui. C’était l’époque des cassettes, de radionova et des mixtapes américaines qui arrivaient par petites vagues. On n’avait aucune influence française, on s’est donc forgé un style propre.

Décris-nous un peu ta première rencontre avec un micro. Qu’est-ce qui te pousse à sortir de la “grotte” et à te frotter à cette nouvelle culture ?

Si tu fais une analogie grossière avec le milieu du foot, les meilleurs joueurs brésiliens et sud-américains le prouvent, pour sortir de leur condition et des favelas la meilleure issue de secours reste de taper derrière un ballon. C’est un peu ça qui fait qu’ils n’ont pas suivi le mauvais chemin. Chez nous, pour ne pas faire de conneries, le leitmotiv c’était on reste à la maison et on fait du rap. La grotte, c’était quelque chose d’unique, imagine un appart juste avec deux platines, des cigarettes, quelques joints, des disques, parfois même de l’alcool et c’était parti, c’était ça la grotte ! On n’avait pas une culture de quartier, on était au centre-ville et on traînait dans les parcs, ou dans la grotte.

La mixture, ton groupe d’origine a marqué l’histoire du rap local, et placé Strasbourg sur la cartographie rap de l’Hexagone. Cela vous a mené bien au-delà de nos frontières, par quoi étiez-vous animé à l’époque ?

C’était très instinctif. A un moment donné on rappait à Strasbourg, puis on allait à Paris. On traînait beaucoup dans le XVIIIème à l’Hôpital Ephémère, un hôpital désaffecté avec des résidences d’artistes. Là-bas, on a rencontré énormément de gens, on se déplaçait, on retrouvait d’autres grottes (rires), des F2 qui respiraient le rap nature. En fait, sans prétention, j’ai été entouré par les meilleurs. Fabe, Koma, La Cliqua, La Rumeur, Akhenaton je m’arrête là mais je pourrais en énumérer encore beaucoup. On aimait ce côté freestyle.

Séquence nostalgie : le tremplin pour La Mixture, c’est 2 apparitions sur des albums qui ont marqué leur temps. Evidemment sur la compilation de Cut Killer mais aussi ce morceau avec la Fonky Family , il y a 15 ans en 1997.

Pour la FF, j’étais devant ma télé, à regarder Bad boys de marseille. A cette époque j’étais en charge de la programmation au Café Musique à Hautepierre, et j’ai réussi à les faire venir pour un concert et un atelier d’écriture. La même chose avec La Cliqua. Ensuite, c’est eux qui nous ont invité ! Cut Killer c’était le vrai tremplin, on était assez sceptique du morceau, on l’a fait dans des conditions un peu folles et pas adaptées, on se rendait pas compte de l’impact que ça allait avoir. Mais véritablement la vraie surprise, c’est le maxi Têtes à battre sorti en 1998, on l’a écoulé tellement rapidement ! Et c’est quand on a commencé à tourner avec Cut Killer qu’on s’est rendu compte que ça marchait vraiment bien, on avait l’impression de jouer à domicile dans toutes les villes !

“Maintenant je n’ai plus l’impression de faire du rap, mais de la musique. Mon rêve, c’est de faire un morceau avec Alain Souchon tu vois, j’ai plus forcément envie de rapper avec Jay-Z”

Comment définirais-tu l’identité multiple du rap strasbourgeois ? Il semble relativement préservé, intemporel dans l’intention, intimement lié au territoire où il a éclos. Froid dehors, chaud dedans.

C’est  exactement ça, et en voyageant on remarque qu’on est des extraterrestres dans les autres villes ! On est trop calme et réservé, on a réussi à préserver les vraies racines du rap. On a ce côté mélancolique. Tous les rappeurs que tu vois, jusqu’à 3 générations en-dessous de moi, on les connaît tous et ils suivent cette idéologie. Mais nous, quand on est arrivé dans le rap on avait pas cette culture puisqu’il n’y en avait pas avant nous. Notre culture musicale c’était la funk, les tous premiers morceaux de house, de la variété française aussi. On était des amoureux de la musique, avec la musique d’avant on faisait notre musique d’aujourd’hui. Mais de nos jours, les mecs qui arrivent ils ont grandi dans le rap, et ça je le vois même avec mon fils, il écoute du Booba, du La Fouine etc. Pour eux, le rap commence malheureusement là.

Et puis nous on avait un souci de qualité que les jeunes n’ont pas. Moi j’ai commencé début 1991, alors que les premiers trucs qu’on a vraiment montés ne sont pas sortis avant 1992 voire 1994. Les petits jeunes font ça en deux jours avec la nouvelle technologie, les home studio. Nous, on est des artisans!

Tu fais partie du collectif Sans Pitié, peux-tu présenter ses valeurs et revenir rapidement sur les artistes qui le composent ? Pourquoi ne pas avoir poussé l’aventure plus loin, jusqu’au label par exemple ?

C’est le regroupement du groupe la Mixture, de Klaxatip autour de Sianard,  Shakeem, avec  DJ Nelson aussi. Il y avait aussi Abdelnasser, un gars de Cronenbourg. Je regrette qu’il ait arrêté, il avait une plume hallucinante, je croyais plus en lui que lui-même, c’était mortel ! Il y avait mon petit frère aussi, un vrai prof de français, des phases hors normes. Les jeunes enfin, genre Junior et Chenapants, des gamins qu’on a connu aux ateliers d’écriture, qui nous ont suivi en studio, dans les concerts. « Sans pitié comme la vie », c’est le slogan, et ça résume vraiment la chose. On s’est retrouvé parce que La Mixture a eu le même problème que Klaxatip, des albums qui ne sont jamais sortis, à vouloir trop être perfectionnistes. On était 3 MC’s ce qui compliquait la chose. On était jamais tous les 3 motivés en même temps, ou alors y en avait un qui chiait sur une rime, sur un mix, sur une caisse claire, sur une chanson et au final ça ne sortait pas. Et le pire du pire, c’était il y a quatre ans. Avec le collectif, on se dit allez on sort un album en un été. Et on l’a fait. On l’a pondu, on l’a maquetté, fallait juste aller en studio, l’enregistrer et l’envoyer. Et on s’est pris la tête sur comment on allait le sortir, dans quelles conditions du coup ça s’est essouflé. L’album est là et personne ne l’aura dans les oreilles.

« A Strasbourg, on a eu la chance de grandir sans avoir jamais été formaté. On a toujours été autodidacte et fait notre musique comme on l’entendait, et ça c’est un luxe. »

Pour toi un MC c’est jamais sans ?

Un MC c’est un mec qui a des choses à dire, qui a une plume et qui sait faire des rimes. Un mec qui techniquement, sait rapper. Ill faut qu’il te parle,  comme Eddy Mitchell sur le morceau M’man, là c’est un vrai MC, il me pose un texte qui me parle et qui me porte. Un MC doit aussi être capable de freestyler, sinon c’est pas un MC, mais un simple chanteur.

On sent chez toi une volonté de rester discret, de ne rien imposer “Grosso modo je vous livre mon rap, faites en ce que vous voulez“ ?

C’est parti d’un constat, j’ai rencontré une femme dans le train, il y a un problème technique du coup on engage la conversation pour finalement en arriver à la musique. Je lui ai fait écouter mes chansons, et elle me dit qu’elles sont super personnelles, mais dès lors qu’on fait un morceau et qu’il sort, il ne nous appartient plus. Ça a été comme une révélation pour moi, on faisait trop de la musique pour nous, il fallait que ça nous plaise à nous avant les autres, on était trop dans cet état d’esprit ! mais quand tu sais qu’au final il n’est plus à toi, tu le laisses partir et tu le laisses faire le chemin qu’il fera..

20 ans de rap et si peu d’albums.. Pour trouver des morceaux, il faut aller fouiller sur les compiles de Taskam, quelques freestyles précieux enregistrés à RBS voir des remixs de DJ Antar ?

Tu vois le morceau de Taskam , le respect, il sera sur le prologue, sauf que le refrain je l’ai revisité, c’est Maeva qui l’a façonné à sa façon mais j’ai gardé l’esprit, j’ai réécrit les couplets. Certains morceaux, quand je les ai écrit, je savais que j’allais pas les enterrer et les jeter. Alors quand j’ai commencé à me mettre sur l’album Boulevard de la Paix, c’était magique je rappais des textes qui étaient là depuis 10 ans. Là je les ai couchés, ils sont sur ce disque-là, en fait pour Boulevard de la Paix 70% ce sont des rimes que j’ai là depuis 20 ans mais qui n’ont jamais vu le jour sur disque.

Je t’ai entendu dire récemment que vous aviez dépassé le côté culturel du rap, que l’écriture vous apportait bien plus, alors justement quel est ton rapport à l’écriture ? Et ta manière de vivre le rap (et non pas du rap) au quotidien ?

Je ne crois pas à la psychologie tu vois, la dépression c’est pas un truc que j’arrive à concevoir. Mais si je n’avais pas eu cet exutoire qu’est l’écriture je ne sais pas dans quel état je serai aujourd’hui. Ça change de l’époque, avant le rap ça nous permettait de ne pas rester dehors à faire des conneries, aujourd’hui c’est ce qui fait qu’on canalise ses nerfs.

On a l’impression que la nouvelle scène du rap français cultive parfois un certain (dogme) nostalgique, mais est ce que parfois ce n’est pas contre-productif ?

Ils me font rire. Je prends l’exemple du groupe 1995, il faut arrêter de se foutre de la gueule du monde, c’est un concept commercial mis en place ! Je le respecte car ils ont réussi à buzzer, mais ça ne me parle pas !

Tu sors un maxi 4 titres le mois prochain, L’esthète. Parle-nous un peu du projet, quel a été le déclencheur ? 

Kadaz L'esthète

En fait l’année dernière, je me suis vraiment éclaté au niveau musical et artistique. Pour tout dire, j’ai commencé à partir dans le délire de l’album Boulevard de la Paix il y a un an et demi et sur le chemin j’ai rencontré Messbass. J’ai beaucoup bougé avec lui, il m‘a donné un coup de boost, j’ai pris des directions que je n’aurais pas forcément prises sans lui, on a beaucoup voyagé Paris, New-York etc. Mais professionnellement j’ai foiré, du coup cette année il fallait que je remonte la pente. Alors je me suis remis dans mon taxi de jour comme de nuit. Puis DJ Zoom vient me voir en me proposant de produire un maxi. J’avais tout pile quinze jours, celles des vacances scolaires. J’ai trouvé les prods, on est parti en studio littéralement entre deux courses, et bam ! Pour les scratchs on a fait appel à FraK,on a enregistré dans un petit studio, on a mixé le tout à Marseille au Studio Camouflage, avec pour le mastering un mec qui fait du vinyle depuis les années 70. Quand je te disais qu’on est de vrais artisans !

« Si à l’époque où on avait le vent en poupe on avait mangé du fric grâce au rap, je serais devenu une merde, pas père de famille ou alors un père absent. Je remercie juste Dieu de m’avoir préservé de tout ça. ”

C’est étrange mais tu t’es fait si rare qu’on a l’impression que le public attend plus ce maxi que toi ?

Rare pas vraiment, j’ai toujours été un activiste sur Strasbourg, je participe à beaucoup de projets locaux, et j’ai beaucoup bougé avec La Rumeur. Mais maintenant, j’ai une famille, je ne peux plus bouger comme je veux. Mais du moins sur RBS, on est toujours là. Mais après, c’est vrai que comparé à d’autres, au niveau marché du disque il n’y a rien, ça j’en suis conscient.

Et d’abord ce titre ?

Au niveau du titre, tout part d’un délire. Un soir, je discutais avec une cousine à ma femme et je me rends petit à petit compte que c’est une littéraire. Un jour, elle me dit “Kadaz l’esthéte” et je suis resté un peu scotché. Je me suis dit effectivement une “personne qui aime l’art” ça me correspondait à vingt mille pourcent. Plus tard, à chaque fois que j’avais un morceau pré-maquetté, je lui envoyais et elle me trouvait le titre du morceau. Le désenchanté, le fardeau des nostagiques, la valse pietinée, tout ça c’est d’elle.

Ensuite la volonté de le presser à 1001 exemplaires en vynile et en CD, c’est que j’ai l’amour de l’objet, pour le vinyle surtout en fait. Pour la taille, avec une vraie pochette, une vraie photo, c’est UN objet, tu vas poser 10euros mais tu as ton truc. Parce que les CD, moi perso je les garde jamais, ou rarement j’ai pas une collection à la maison par exemple.

C’est étrange mais tu t’es fait si rare qu’on a l’impression que le public attend plus ce maxi que toi ?

Rare pas vraiment, j’ai toujours été un activiste sur Strasbourg, je participe à beaucoup de projets locaux, et j’ai beaucoup bougé avec La Rumeur. Mais maintenant, j’ai une famille, je ne peux plus bouger comme je veux. Mais du moins sur RBS, on est toujours là. Mais après, c’est vrai que comparé à d’autres, au niveau marché du disque il n’y a rien, ça j’en suis conscient.

Il y a peu, la Scred Connexion est venue sur la scène du Molodoi. Un concert interminable. De mémoire, je n’avais jamais vu un engouement pareil pour un concert rap à Strasbourg, une ambiance hip hop libérée, des open mic, le public sur scène, des micros qui circulent dans la salle. Alors pourquoi les événements rap “made in Strasbourg” n’attirent pas plus les foules, même si la tendance commence à s’inverser ?

Pourtant fût un temps, si. A l’époque on a tous commencé le rap plus au moins en même temps.  Les premiers en 88 avec Le Color, 90 les NAP, Le Royal fin 90 mais il y avait aussi Neuhof Attitude, les CAI à Hoeneim, les YLS le groupe de fille à Cronenbourg, les Adeptes du Tempo un peu après, qui ont tout cassé à peine arrivés.  On était vraiment nombreux à rapper, et si tu veux on se tapait dessus parce qu’on était des petits jeunes mais ça restait des bagarres de gosses, comme les activités étaient pas nombreuses on était toujours aux mêmes endroits, ça suit une certaine logique finalement.  Le truc terrible par contre, c’est qu’il n’y avait pas de bagarre dans le public comme il y a pu en avoir plus tard. En 97-98, la vie de famille a rattrapé les gens, certains changent d’orientation du coup ça s’est naturellement essouflé.  Maintenant il y a la nouvelle vague, ceux qui n’ont jamais l’affaire et qui sont resté en sous-marin, comme Messbass, DJ Nelson, Chenapants. Aujourd’hui ce sont eux qui portent la scène strasbourgeoise.

Justement pourquoi sur la durée n’arrive-t-on pas à installer Strasbourg comme une ville incontournable du domaine ?

C’est surtout une question d’organisation. Il y a eu deux trucs, au final les deux groupes qui sont sortis, ce sont NAP et La mixture. Après on peut dire ce que veut sur Abdel Malik, mais personne n’a fait sa carrière musicale, alors on ferme sa gueule et on respecte. Mais après faut être clair, il a pas vraiment créé une tangente strasbourgeoise ! Nous avec la mixture on a eu des cas de figures différents au moment d’enregistrer en studio et de signer. A l’époque on avait des maisons de disques derrière qui nous suivaient, mais on était jeunes et cons, on préférait la scène, du coup on a loupé le coche.  La conclusion, c’est qu’on a toujours fonctionné sur ce style vagabond, ce qui nous a permis de rencontrer un nombre incalculable de gens. On aurait du être sur le projet Taxi 1 mais ça a foiré, ils ont pris des artistes de la région finalement, on aurait du signer chez EMI mais les artistes avant nous ont trop tardé à sortir leur projet. Il y a aussi l’histoire de Sony, on devait signer chez eux, mais à l’époque j’étais un fumeur de joint et j’ai fait la bêtise d’en allumer un dans leur bureau.. Enfin plein de bêtises comme ça qui font que .. Mais en même temps, si on avait signé chez eux à l’époque on en serait pas là aujourd’hui !  Tu sais pourquoi ? Parce qu’à l’époque,on avait pas la tête sur les épaules, l’alcool, les drogues, les filles tout ça mélangé à l’argent et notoriété, ça part forcément en couilles. Donc c’était un mal pour un bien, tu vois. Et puis tu sais maintenant je n’ai plus l’impression de faire du rap, mais de la musique. Ma façon de voir les choses est beaucoup plus mature, et mes aspirations ont changé. Mon rêve, c’est de faire un morceau avec Alain Souchon tu vois, j’ai plus forcément envie de rapper avec Jay-Z et autres.. tu vois ce que je veux dire ?!

Les occasions de te voir sur scène se font rares. Est-ce que tu comptes essayer de tourner un peu ?

Encore plus que jamais !! Le côté studio me casse un peu la tête. Bon maintenant j’ai de la chance, j’ai une bonne équipe mais à la base je suis pas un MC de studio.

Plutôt qu’un gagnant qui se plie au système, on a parfois le sentiment que tu as préféré être un perdant magnifique. Un peu comme si avec les aléas de la vie, vous n’aviez pas poussé le projet au bout et qu’il n’y avait pas d’alternatives à manger sans se faire manger?

Un perdant, ça reste un perdant, et je ne pense pas qu’on en était. Après je suis croyant je pense que tout est écrit. C’était écrit qu’on ne perce pas dans la musique du moins au niveau pécunier. La jalousie est un mauvais sentiment, mais il y a de l’envie. L’envie,  c’est quelque chose de propre et de sain, tu peux envier quelqu’un : ça veut dire que tu reconnais que la personne, qu’elle a taffé pour. Mais sincèrement, je sais que si à l’époque où on avait le vent en poupe on avait mangé du fric grâce au rap, je serais devenu une merde, pas père de famille ou alors un père absent. Je remercie juste Dieu de m’avoir préservé de tout ça.

“Notre culture musicale c’était de la funk, les tous premiers morceaux de house, de la variété française aussi. On était des amoureux de la musique, avec la musique d’avant on faisait notre musique d’aujourd’hui”

Ce qui est marquant dans le rap local, c’est qu’il paraît complètement désintéressé. Déjà à l’époque du 1er maxi Têtes à Battre, tu disais “A Strasbourg, je vis dans mon coin“. Rien n’a changé ?

A Strasbourg, on a eu la chance de grandir sans Skyrock, on a jamais été formaté. Et ça c’est magnifique, on a toujours été autodidacte et fait notre musique comme on l’entendait, et ça c’est un luxe. Au final, quand tu fais des tubes et des disques, tu crées ton propre truc, et je pense que tous les gens qui ont marqué l’histoire en musique ce sont des gens qui ne savaient pas que ça allait tout niquer. Et nous, on est dans cet état d’esprit, on rappe dans notre coin et c’est un plaisir.

Que penses-tu des nouveaux artistes locaux ? On t’a vu faire plusieurs apparitions sur les projets de Mess Bass, très productif qui a notamment une vidéographie impressionnante.

Je suis à fond derrière lui, j’ai toujours kiffé le rap que personne n’a jamais eu. Un autre très talentueux, c’est Junior :  il a posé un couplet sur la maxi, sur Boulevard de la Paix, et sur le prologue. Et c’est sans prétention que je dis que j’ai les meilleurs couplets de junior sur mes projets. Alors la scène strasbourgeoise actuelle c’est lui, Messbass et toutes les bonnes plumes qui poussent derrière. Et ma vision à Strasbourg, c’est une scène la plus éclectique possible, qu’elle continue comme elle a commencé !

Question rien à voir : tu es aussi un amoureux de football, on s’est même déjà croisé sur les terrains de foot amateur. Tu vas encore au stade supporter le Racing ?

Non c’est fini, je préfère aller voir mes potes au CS Neuhof et jouer les dimanches aprems quand j’ai le temps aussi, plutôt que d’aller voir des fausses stars. Je suis dégoûté, je kiffais aller voir les matchs de ligue 1 à la Meinau, la ligue 2 à la limite mais là CFA non.

“ Quand on a commencé à tourner avec Cut Killer on avait l’impression de jouer à domicile dans toutes les villes “

La culture strasbourgeoise en quelques mots?

Ce que je kiffe dans l’alsacien, c’est la terminologie, salut ça va ça geths ? (rires)
Mais tu sais, le patois c’est une richesse, je ne le parle pas mais je le comprends. Je respecte tous ces parents et grands-parents, issus de la souche alsacienne qui continuent à perpétuer cette tradition. Comme on l’a dit avant, la culture alsacienne c’est froid mais chaud en même temps.
On a un titre avec le Sans Pitié qui résume tout : “ -10 degres au soleil”

Le mot de la fin?

L’esthète dans les bacs, Inch’Allah en mars 2013 et à suivre ! « 

Infos :
www.kadaz.fr
www.facebook.com/kadazarafat 

Sortie du maxi “L’esthète” en vinyle et CD début mars 2013

Photos : Bartosch Salmanski
Interview : Mourad Mabrouki

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