Sylvie Testud a osé le smoking très décolleté à sequins Alexandre Vauthier vendredi soir, à la cérémonie des César. Un choix vestimentaire audacieux à l’image de son courageux lancement dans la réalisation, avec son premier long métrage « La vie d’une autre », librement inspiré du livre éponyme de Frédérique Deghelt.
Marie, interprétée par la pétillante Juliette Binoche, s’endort à 25 ans dans les bras de l’homme dont elle est éperdument amoureuse, Paul, joué par le capricieux Mathieu Kassovitz – rappelez-vous la polémique sur le manque d’ouverture des César – et se réveille 15 ans plus tard, à l’heure où son mariage avec ce même homme tombe en ruine. Elle a tout oublié, de son mariage à son enfant en passant par l’apparition des euros et des vélibs parisiens. Une ellipse invraisembable qui n’est jamais expliquée, étrange. Un scénario qui n’est pas sans rappeler celui du film américain « 30 ans sinon rien » avec Jennifer Garner, mais qui en prend une tournure un peu moins comique. « La vie d’une autre » met en scène une femme perdue, qui est à la recherche de son passé et de sa mémoire. Le côté fantastique est gommé : l’important dans ce film très romantique n’est pas de comprendre comment l’héroïne a pu oublier tant d’années, mais plutôt comment elle va reprendre le cours de son existence. Marie, qui se la joue Belle au bois dormant, se réveille avec une double mission : entrer dans la peau d’une personne qu’elle est devenue, et, paradoxalement, tout faire pour y échapper, afin de reconquérir son amour perdu, Paul. Ce dernier reste d’ailleurs très absent tout au long du film, au plus grand désarroi des filles dans la salle, charmées par les beaux yeux de Mathieu Kassovitz.
Une histoire bien pensée, mais une réalisation qui manque d’un tout petit quelque chose pour happer son spectateur. Un peu plus de peps, un peu moins de niaiserie, et Sylvie Testud aurait peut-être réussi son pari !
Article rédigé par Charlotte Baechler